Depuis la chute du régime de Bachar al Assad, de nombreux médias affublent le dictateur du surnom de « boucher de Damas ».
Bachar al Assad avait déjà été surnommé ainsi en 2015 lors de la visite de quatre parlementaires français dans la capitale syrienne. Pour dénoncer cette initiative, Manuel Valls, alors Premier ministre, s’était empressé de déclarer « c’est un boucher ! ».
A la suite d’un communiqué de presse de la CFBCT qui avait fait couler beaucoup d’encre – et non du sang ! – Manuel Valls avait dû s’excuser publiquement, en direct sur Canal +.
Ces comparaisons sont fréquentes dans la presse. Elles ne sont pas acceptables et le sont encore moins lorsqu’elles émanent de la bouche de représentants politiques.
Rappelons également que lors des attentats de novembre 2015 à Paris, de nombreux médias avait qualifié de « boucher » l’un des terroristes, alors qu’un couple de confrères venait de perdre ses enfants sur la terrasse du Petit Cambodge…
La CFBCT est amenée à réagir très régulièrement, comme il y a peu lorsque l’AFP, se faisant l’écho d’un discours de Donald Trump, avait parlé de « boucherie » alors que le président élu avait parlé de « bloodbath », ce qu’un traducteur même débutant aurait traduit par « bain de sang ».
De plus, comme il a été annoncé aux 2e Assises de la Boucherie Artisanale, les 17 et 18 novembre derniers, la CFBCT est en train d’entreprendre une démarche auprès de l’Académie Française afin qu’elle donne une définition à jour du terme « boucher / bouchère ».
Celle donnée par nos Académiciens pose problème pour trois raisons :
- Un boucher n’est en rien un assassin et l’analogie est trop souvent faite dans les discours médiatiques et politiques ;
- Un boucher n’est plus celui qui « abat les bœufs » contrairement à ce qu’explique l’Académie Française. La définition de nos Immortels est totalement passéiste. Il est regrettable que la définition des « Immortels » n’ait en effet quasiment pas évolué depuis la parution du 1er dictionnaire de l’Académie en… 1694.
- Enfin, il nous semble très réducteur de considérer la « bouchère » comme « femme du boucher » comme l’écrit l’Académie, alors que de plus en plus de femmes exercent ce métier et des responsabilités de cheffes d’entreprise.
Cette thématique, qui a été traitée en présence d’un anthropologue et d’un sociologue lors des 2e Assises de la Boucherie Artisanale, donnera lieu prochainement à la proposition d’une définition « à jour » à l’Académie Française, garante de notre belle langue.
Un article plus détaillé reviendra sur cette démarche dans le numéro de janvier 2025 de La Boucherie Française.